Portrait de technologue | Philippe Sirois, t.r.o. et gestionnaire en imagerie médicale

Blogue, Radio-oncologie
2 novembre 2023

L’OTIMROEPMQ a eu le plaisir de rencontrer Philippe Sirois, technologue en radio-oncologie et gestionnaire en imagerie médicale à l’hôpital Honoré-Mercier au CISSS de la Montérégie-Est.

En quoi consiste votre métier ?

Je suis chef en imagerie médicale à l’hôpital Honoré-Mercier depuis trois ans. J’ai la chance de pouvoir être le gestionnaire de 85 employés dont 60 technologues en imagerie médicale.

 

Quel a été votre parcours scolaire et professionnel ?

J’ai terminé le secondaire puis je suis allé étudier au Cégep en ressources humaines. Je me suis ensuite redirigé au Cégep Ahuntsic pour faire la technique en radio-oncologie. J’ai complété la technique en radio-oncologie, j’ai travaillé par la suite à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont en radio-oncologie. J’ai également travaillé à l’hôpital Charles-Lemoyne sur la Rive-Sud lorsque le centre de cancérologie a ouvert. J’ai finalement terminé ma carrière comme technologue en radio-oncologie à Lévis avec l’ouverture du nouveau département du centre intégré de cancérologie. Pendant que je travaillais à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont et à l’hôpital Charles-Lemoyne, j’étais aussi enseignant au collège Ahuntsic pour la technique en radio-oncologie à temps partiel durant sept années.

En radio-oncologie, j’occupais un peu tous les postes : technologue en salle de traitement, technologue spécialisé en dosimétrie, formation au scan, coordinateur technique en salle de traitement et finalement assistant-chef! Bref, un touche-à-tout!

J’ai fait partie des programmes de relève des cadres en Montérégie quand j’étais à Charles-Lemoyne et en Chaudière-Appalaches. Le but de ce programme est de passer des examens afin de voir notre potentiel pour devenir gestionnaire. Si c’est le cas, on intègre le programme qui permet de suivre des cours à l’université et réaliser des projets sur le terrain afin de nous outiller pour devenir le meilleur gestionnaire possible.

J’ai été technologue pendant 13 ans. Voilà maintenant trois ans que je suis devenu gestionnaire dans le réseau de la santé à l’hôpital Honoré-Mercier. Quand j’ai commencé, j’étais chef en imagerie médicale et en électrophysiologie médicale. Avec le temps et l’augmentation du nombre d’employés dans chaque secteur, je suis maintenant gestionnaire de l’imagerie médicale (le service de radiologie et de la médecine nucléaire) uniquement.

Point de vue école, après ma technique, j’ai passé un certificat en gestion de la santé et des services sociaux à l’université de Montréal. J’ai aussi effectué à l’université de Laval un certificat en ressources humaines. Je suis en train de réaliser un certificat en leadership et en habilité de gestion. En janvier, je vais commencer ma maîtrise en administration publique, gestion des services de santé et services sociaux à l’ENA.

J’ai également travaillé sur des comités à l’Ordre. Je travaillais pour la rédaction d’examen et responsable de l’examen d’entré à la profession. J’ai également travaillé pour le comité du congrès de l’Ordre en représentant la radio-oncologie.

 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire le métier de technologue et pourquoi avoir choisi ce domaine en particulier ?

Quand j’ai voulu me réorienter, j’ai remarqué que le domaine médical m’intéressait. Au départ, je me renseignais pour faire du radiodiagnostic, car je voulais rester dans ma région. Mais j’ai un frère qui était déjà technologue en radio-oncologie et qui me parlait de la technique qu’il avait faite. La radio-oncologie a commencé à m’intéresser quand j’ai vu qu’on avait un suivi d’usager tous les jours, que l’on pouvait voir leur progression. Il y a aussi beaucoup de technologies qui évoluent, donc il y a toujours à apprendre et ça m’intéressait beaucoup. Contrairement aux autres techniques, c’est sûr que la radio-oncologie a des avantages : des horaires de jours, pas de travail le week-end… J’aimais aussi la polyvalence du métier : on peut faire de la salle de traitement, du scan, de la planification, de la dosimétrie… Donc j’ai fini par appliquer dans ce domaine-là. Et j’ai fait un peu toute la polyvalence du métier!

 

Est-ce que vous continuez de pratiquer en tant que technologue ?

Malheureusement, non, car je suis technologue en radio-oncologie, mais je suis gestionnaire en imagerie médicale. Donc j’ai dû apprendre les autres secteurs qui sont très intéressants, mais je n’ai pas un permis qui me permet de pratiquer avec eux, il faudrait pour cela que je me rende dans un autre hôpital. Mais avec ma charge de travail, ma vie familiale, mes études et ma vie sportive, je me consacre plutôt à mon rôle de gestionnaire.

 

Comment devient-on gestionnaire ? Est-ce qu’il faut passer par des études supérieures ?

Ce n’est pas obligatoire, mais c’est fortement recommandé d’avoir un bac ou une maîtrise de gestion. Moi, j’ai fait mon certificat de gestion de santé et service sociaux, puis après ça, j’ai fait une certification en ressources humaines. Je pense que ce sont des bons atouts qui te permettent d’être plus confortable dans ta position de gestionnaire par la suite. Car oui, on connaît le milieu, on connaît le terrain, mais gestionnaire, c’est encore plus que ça : il faut connaître aussi l’administration, la gestion des ressources humaines, la ressource du changement… Il faut savoir délégué, écouter notre personnel, les outiller et grandir avec eux.

 

Quelle est votre plus grande satisfaction dans votre rôle de gestionnaire ?

Quand je vois que les employés sont satisfaits et ont du plaisir à venir au travail ou que les usagers sont satisfaits de l’examen qu’ils ont eu. J’aime voir la cohésion d’équipe, cela nous rend plus fort et permet de donner le meilleur service aux usagers.

 

Quelles sont les qualités qu’on a besoin pour devenir gestionnaire ?

C’est un peu en lien avec les qualités d’un technologue. Ça prend de l’empathie envers chaque usager/employé qui vient avec son bagage et son vécu ; de l’adaptation continuelle face à un système de santé qui évolue ; et du leadership, de prendre les devants, d’être le porte-parole des équipes, de faire avancer les choses et d’être un visionnaire avec de bonnes valeurs à communiquer pour convaincre les autres.

 

Quelle est une journée type ?

Aucune journée ne se ressemble, les défis sont multiples au quotidien. On a des listes d’attente pour lesquelles il faut trouver et optimiser les programmes en fonction de l’offre (le nombre de technologues présents) et la demande (le nombre de patients ayant besoin d’un examen ce jour-là). Il faut optimiser nos ressources humaines ; il faut améliorer nos technologies ; il faut faire le tour des équipes pour voir comment ils vont, ce que je peux leur apporter si jamais ils vivent un imprévu dans la journée. C’est beaucoup de travail en collaboration avec les assistants technologues, les coordonnateurs techniques, les chefs d’équipes et les collaborateurs des autres milieux, avec tout l’hôpital.

Il faut aussi participer à des réunions, à des formations, mettre en place les changements technologiques, les changements d’appareils, les achats d’appareils… S’assurer qu’on donne un milieu de travail sain pour que les technologues et les autres employés puissent s’épanouir dans leur travail.

 

En quoi le fait d’être technologue vous démarque des autres gestionnaires qui ne le sont pas forcément ?

Je crois personnellement que c’est essentiel de passer par le chemin de terrain avant de devenir gestionnaire au niveau de la santé. On comprend beaucoup mieux les enjeux du terrain si on a déjà été dans cette position. C’est aussi utile au moment de prendre des décisions. En tant que gestionnaire, on en prend beaucoup, et à chaque décision, les questions qui me viennent en tête en premier sont : comment va-t-on appliquer ça sur le terrain ? Comment les technologues vont-ils le vivre ? Quels seront les impacts et comment les corriger pour faire passer au mieux cette gestion de changement ? Ces questions, ce sont avec mon équipe terrain que nous y répondons… un gestionnaire n’est pas seul!

Pour moi, d’être technologue avant tout, c’est important. J’ai un plaisir à leur dire que, oui, je suis gestionnaire, mais que je suis aussi technologue en radio-oncologie.

Qu’est-ce qu’il vous plaît dans votre travail ?

Je pense que c’est beaucoup la complicité qu’on peut avoir entre technologues, et dont on se souvient même après 15 années de travail. Même en tant que gestionnaire, la relation que j’entretiens avec les technologues, les coordonnateurs techniques et les assistants-chefs crée une complicité et permet de consolider les équipes pour fabriquer de beaux souvenirs.

 

Comment voyez-vous l’évolution de la profession dans 10 ans ?

C’est quand même difficile à imaginer, car rien que ces 15 dernières années, il y a eu énormément de changements au niveau de la profession, des technologies et de l’intelligence artificielle. Il ne faut pas avoir peur de l’évolution, mais bien de l’intégrer avec nous. Le technologue aura toujours une place du point de vue humain, car justement, les technologies vont s’améliorer et nous faire gagner du temps. On pourra ainsi en tirer avantage pour accentuer notre relation avec les usagers. L’usager pourra se positionner de manière plus rapide et efficace. Jour après jour, on pourra mieux cibler les tumeurs, diminuer les effets secondaires… On va devenir les alliés de l’intelligence artificielle et de la technologie. Avec le temps, les technologies vont sûrement faire disparaître certaines étapes du rôle de technologue, mais je pense que ça va aussi en faire apparaître d’autres. Quoi qu’il arrive, c’est le technologue qui aura le contrôle et qui pourra juger si la machine/ les systèmes font correctement leur travail ou s’il faut effectuer des améliorations.

 

Que faites-vous sur votre temps libre pour décompresser de votre travail ?

Pour moi, ça a toujours été facile de faire la coupure entre vie professionnelle et vie personnelle. Je fais beaucoup de sport, je suis un triathlète, donc dans le fond, j’aime beaucoup m’entraîner sur les longues distances, je fais des Ironman. Je passe aussi beaucoup de temps avec ma famille et mes enfants.

 

Que diriez-vous à une personne qui souhaite devenir technologue et une autre qui souhaite devenir gestionnaire ?

Technologue : je lui dirai d’aller observer sur le terrain, car on a la chance que les hôpitaux soient ouverts et que nous puissions voir à quoi les métiers ressemblent. Il faut se renseigner au maximum sur la profession : appeler les Cégeps pour une visite, appeler l’OTIMROEPMQ pour avoir des informations sur les domaines et sur les possibilités, faire des stages d’observation dans les hôpitaux… Être technologue, peu importe le domaine, est un métier exceptionnel : on a du plaisir à venir travailler, on a sensiblement tous de bonnes conditions de travail.

Gestionnaire : il faut que la personne se sente prête à faire ça, car ce sont des grosses charges de travail avec des décisions à prendre au quotidien. Nos équipes doivent avoir confiance en nous et se fier à nos décisions. On est leur leader et on leur partage la vision à court, moyen et long terme de notre organisation. Il faut s’outiller le plus possible par des formations, du coaching, de l’observation de gestionnaire déjà en poste afin d’être le mieux préparer. Participer à des projets, regarder s’il y a des programmes dans votre organisation que vous pouvez appliquer.

 

Vous vous êtes longtemps impliqué à l’Ordre : qu’est-ce que cela vous a apporté?

Je pense que c’est vraiment important de s’impliquer au niveau de notre Ordre. Parfois, on a beau en parler, on ne le connaît pas. En s’impliquant, on apprend à connaître ce qu’est l’Ordre, la responsabilité de l’Ordre. En s’y impliquant, on permet aussi de faire évoluer les choses au niveau de notre profession. Beaucoup payent parce qu’ils pensent qu’il faut juste payer, alors que l’Ordre agit pour la protection du public, ça partage des valeurs similaires que notre travail à l’hôpital.

Si on trouve qu’on manque de formation, on peut en créer avec l’Ordre, si on a des idées, on peut leur partager. Il faut être proactif pour que cela nous permette de rayonner plus et de faire connaître notre métier. Si on veut avoir les collègues les plus compétant possible, on peut participer au comité de l’examen, on sait quelles sont les questions qu’auront les futurs technologues et on ne peut qu’être rassuré de savoir qu’on va pouvoir travailler avec des personnes qui auront réussi cet examen. Parfois, l’implication ne consiste qu’à quatre heures par mois, voire par année, et cela nous permet de développer des compétences qu’on n’a pas nécessairement sur le terrain à l’hôpital.

Certains technologues ont vraiment des capacités de formateurs, d’enseignants, avec beaucoup d’idées… À l’Ordre, ils pourraient mettre en avant ces compétences. Ils pourraient s’émanciper aussi bien au niveau de leur rôle de technologue que de leur rôle à l’Ordre, et pouvoir grandir là-dedans. C’est ce que cette implication m’a donné.

Merci à Philippe pour sa participation.

Vous souhaitez vous aussi partager votre expérience ? Contactez nous à l’adresse communications@otimroepmq.ca.

Partenaires

Merci à nos partenaires pour leur soutien à l’OTIMROEPMQ

Dévoué, des assurances aux services financiers

Profitez des avantages du groupe sur la page partenaires!

Offre pour les spécialistes en sciences de la santé

La Banque Nationale est heureuse d’être partenaire de l’OTIMROEPMQ et d’offrir à ses membres des avantages sur mesure.