Portrait de technologue | Lucie Blanchet, technologue en EPM

Blogue
20 mars 2024

L’OTIMROEPMQ a eu le plaisir de rencontrer Lucie Blanchet, technologue en électrophysiologie médicale, à l’hôpital Sainte-Anne-de-Beaupré.

Depuis combien de temps faites-vous ce métier ? Pouvez-vous nous retracer un peu votre parcours ?

Ça fait depuis 1976, soit 47 ans. La raison pour laquelle j’ai choisi cette profession, c’est qu’à la base, je cherchais un job d’été, donc j’ai commencé à l’hôpital de Laval, qui est maintenant l’institut de cardiologie de Québec, en tant que préposé. Ça me plaisait tellement. À l’époque, le cours ne se donnait pas au Cégep, donc on devait faire deux ans de formations en milieu hospitalier et on avait des formations au niveau arythmie, rythmologie qui était offert par l’université à l’époque. Dans le temps, les appareils n’avaient pas de lecture automatique, alors les médecins se fiaient beaucoup à nous pour les lectures. C’est ce qui faisait que ce travail m’avait tant attiré. Il y avait toujours quelque chose de nouveau à apprendre. On avait aussi à l’hôpital Laval des implantations de pacemaker où les cardiologues se fiaient à nous et sur notre tracé pour savoir si c’était bien arrivé dans le ventricule ou non. Tout ça pour dire qu’on faisait un peu de tout, pas seulement des électrocardiogrammes. J’ai fini par rester à l’hôpital de Laval tout l’été, j’ai pris un poste le soir pendant deux ans.

Ensuite, je suis partie dans les provinces maritimes, deux ans aussi, où j’ai passé l’examen Cardiovascular technicien. Je suis alors devenue une technicienne cardio-vasculaire. Ce diplôme me permettait de travailler partout au Canada, aux États-Unis et dans des pays du Commonwealth, mais pas au Québec, car mon diplôme n’y était pas reconnu. Là-bas, les techniciens en électrophysiologie étaient attitrés à la télémétrie en salle d’hémodynamie et électrophysiologie. Il y avait une technicienne qui faisait de la télémétrie en soin intensif à l’urgence. Donc ce n’était pas une infirmière, mais une technicienne qui regardait les tracés, qui sortait les bandes. Pour ma part, c’est là que j’ai commencé à faire du tapis roulant, du monitoring, des Holter monitor…

Après, je suis partie aux États-Unis, où j’ai recommencé la même chose. Aux Etats-Unis, ça nous arrivait même de faire du triage à l’urgence s’ils étaient débordés. C’était surtout prendre les tensions artérielles, les températures buccales et noter les problèmes des patients, puis on confiait tout à l’infirmière qui faisait par la suite un plus grand triage. Ce sont beaucoup de tâches qui étaient avant reconnues aux États-Unis, mais qui sont confiées à des infirmières au Québec.

Comment avez-vous fait pour travailler au Québec ?

On pouvait y travailler après un certain temps, mais comme technicien B, les techniciens A étant ceux qui avaient fait le Cégep. Le Cégep se donnait à Ahuntsic à Montréal donc, ce n’est pas tout le monde qui pouvait y aller. Beaucoup de ceux qui étaient à Québec ont fait comme moi; des formations à l’hôpital, ils travaillaient en ECG puis ils ont eu des formations en arithmologie ce qui leur a permis de devenir des techniciens B. Plus tard est arrivé l’Holter (des moniteurs cardiaques), on faisait les installations, on pouvait les lire, établir les MAPA (les presses artérielles). À l’époque, il y avait plusieurs personnes qui étaient dans la catégorie B, donc beaucoup d’hôpitaux leur ont demandé d’aller passer leur cours au Cégep pour suivre le cours cardiologie et neurologie. Suite à ça, ils pouvaient passer de la catégorie B à la catégorie A.
Actuellement, je travaille dans un petit établissement, à l’hôpital Sainte-Anne-de-Beaupré, je travaille toute seule !

 

À quoi ressemble une journée type quand on travaille seule ?

En arrivant, il faut toujours aller vérifier aux urgences s’il y a eu des examens dans la nuit, s’il y a des contrôles le matin. Ensuite, on réalise les examens des patients de consultations externes. On installe environ trois à quatre appareils de monitoring cardiaque et trois à quatre appareils de tension artérielle (les MAPA). Il y a des examens préopératoires à faire aussi. L’après-midi, je me garde du temps pour faire l’analyse des moniteurs cardiaques que j’ai installés, des bandes de rythme… C’est une préanalyse qui est envoyée par la suite pour la lecture au cardiologue.

 

Quelle qualité faut-il pour faire ce métier ?

Je dirai d’abord qu’il fait aimer travailler avec les gens. On fait affaire à toute sorte de personne. Il faut être empathique. Beaucoup de gens vont venir et se confier à vous. Parfois, des examens vont vite, d’autres vont prendre plus de temps, car les patients ont besoin de parler et de se sentir écouté. On a un peu moins le temps de faire ça dans les grands centres, mais il faut quand même prendre le temps de les écouter. Il faut aussi beaucoup de curiosité. Je pense qu’il y a moyen de ne jamais s’ennuyer dans cette technique-là, même si ça peut être routinier. Dans la même journée, on peut arriver à faire tellement de choses différentes si on a la curiosité d’apprendre. Il y a toujours des nouvelles techniques, des nouvelles découvertes, il faut rester à l’affût.

Avez-vous une anecdote de votre métier que vous aimeriez partager ?

Un jour, un patient arrive et me dit qu’il ne se sent pas bien depuis plusieurs jours. Je remarque qu’il a un rythme cardiaque à 30. Ce patient-là, professionnellement parlant, tu n’as pas le droit de le laisser sortir. Donc j’ai envoyé le tracé à son médecin de famille et je l’ai emmené aux urgences de l’hôpital pour qu’il soit pris en charge. J’ai donné le tracé au médecin en lui disant que ma conscience m’empêchait de laisser mon patient repartir chez lui. La vie de mon patient était en danger, j’obéissais à la loi du bon samaritain. Ce genre de situation t’oblige à rester à l’affût quand tu regardes ton tracé, même si tu en fais tout le temps. Il faut savoir reconnaître les arythmies cardiaques. Ça établit aussi un contact entre confrères et entre les médecins. Il faut avoir un bon esprit d’équipe. La conclusion de cette histoire, c’est que ce patient, à sa sortie de l’hôpital, est revenu me voir avec des fleurs et une bonbonnière en me disant « Vous m’avez sauvé la vie, merci. ».

Est-ce qu’il y a un examen que vous préférez réaliser?

J’ai fait très longtemps du pacemaker, j’aimais beaucoup travailler avec les simulateurs cardiaques, j’aimais beaucoup aller à la salle d’opération aux implants car c’est super intéressant. J’ai eu une vie extraordinaire comme technologue. Honnêtement, il n’y en a pas un que je préfère plus que l’autre, car c’est très varié.

 

Y a-t-il des astuces pour créer un lien avec le patient ?

Il faut parler au patient, il faut s’informer sur comment il va. Il faut le mettre à l’aise, demander ce qu’il fait comme travail, ses passions.

Moi, j’ai souvent deux types de patients à ce moment-là de l’année : ceux qui vont à la chasse et ceux qui partent en Floride pour l’hiver, donc ils viennent passer leur examen. Ça fait 10 ou 12 ans que je suis ici, donc le lien est déjà établi, car ils me reconnaissent.

 

Que diriez-vous à quelqu’un qui veut devenir technologue ?

Je lui dirai sans hésitation de faire une technologie en électrophysiologie médicale ! Rien qu’en cardiologie, vous avez déjà plusieurs techniques, pas seulement l’électro au repos et à l’effort : vous irez en urgence, vous irez en soins intensifs, vous allez voir différents tracés, vous aurez accès aux MAPA, aux Holters, vous pourrez faire les vérifications de pacemaker, il y aura l’échocardiogramme… Il y a six techniques juste pour la cardiologie. À côté de ça, vous avez aussi la neurologie : encéphalogrammes (EEG), les examens vidéostagmogrammes pour évaluer la fonction équilibre de l’oreille interne (VNG), les examens Électromyographies pour vérifier problème avec nerfs et muscles (EMG)… Ce sont toutes différentes techniques qui demandent cette formation.

 

Pensez-vous qu’il est important de faire de la formation continue tout au long de sa carrière ?

Oui, c’est important, car ce ne sont pas seulement les techniques qui vont changer. Il y a tellement de nouvelles découvertes, il y a tellement de nouvelles innovations. Il ne faut pas juste se concentrer sur son domaine, on peut s’ouvrir un peu aussi sur du général. Si on ne se concentre que sur un sujet, on perd des notions sur les autres matières.

 

Merci à Lucie pour sa participation.

Partenaires

Merci à nos partenaires pour leur soutien à l’OTIMROEPMQ

Dévoué, des assurances aux services financiers

Profitez des avantages du groupe sur la page partenaires!

Offre pour les spécialistes en sciences de la santé

La Banque Nationale est heureuse d’être partenaire de l’OTIMROEPMQ et d’offrir à ses membres des avantages sur mesure.