Portrait de technologue | David Leblond, t.r.o.

Blogue, Radio-oncologie
6 novembre 2023

L’OTIMROEPMQ a eu le plaisir de rencontrer David Leblond, technologue en radio-oncologie au CISSS de Chaudière-Appalaches au centre de cancérologie de Lévis.

En quoi consiste votre métier ?

En radio-oncologie, on rencontre des patients qui ont eu un diagnostic de cancer. Le technologue en radio-oncologie va les accompagner dès leur arrivé à l’accueil au centre de cancérologie, puis il va passer par les étapes de planifications du traitement. Tout ce qui concerne la dosimétrie de traitement, comment planifier les rayons, c’est effectué par des technologues spécialisés en dosimétrie. Après ça, le patient va arriver aux traitements où d’autres technologues vont le prendre en charge. Le technologue va suivre le patient durant toute la période de ses traitements. Donc ça peut aller d’une fois jusqu’à parfois trente-cinq fois.

On les voit souvent plus qu’ils ne voient leur famille. On crée des liens et on devient un peu leur confident. C’est ça qui est le plus beau à voir dans notre métier, car on éprouve du plaisir avec eux en les voyant tous les jours. On pense souvent que travailler en cancérologie, ce n’est pas facile, qu’on voit des personnes qui sont tristes et qui pleurent à cause du cancer, alors qu’en réalité on a beaucoup plus de rire que de pleure. On est là pour être leur rayon de soleil, les écouter, remonter leur moral quand ils en ont besoin. Notre travail est beaucoup plus que juste appliquer le traitement, il faut être capable de se mettre à leur place sans pour autant se replier sur nous et sur leur sort, on doit faire preuve d’empathie et les rendre de bonne humeur.

 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire le métier de technologue et pourquoi avoir choisi ce domaine en particulier ?

La radioactivité a toujours été une passion pour moi depuis que je suis au primaire. Je faisais des présentions orales sur Tchernobyl, sur comment fonctionnaient les réacteurs nucléaires, donc j’avais déjà cette passion. Puis je savais que je voulais travailler en santé.

J’ai choisi la radio-oncologie, car ce n’est pas juste un métier où on passe les patients les uns après les autres, sans qu’on ne puisse voir comment se résout leur problème.

C’est l’univers du patient qui, je crois, différencie les technologues, de tous les secteurs de la santé : nos patients, on les voit tous les jours, pendant plusieurs semaines. On voit la rémission, on voit l’évolution des traitements au fur et à mesure et on est là pour les guider à travers tout ça. C’est ça qui m’intéressait le plus : le suivi du patient.

 

Comment avez-vous découvert que le métier de technologue existait ?

Quand j’étais au secondaire, j’ai dû passer une radiographie dans un hôpital. Puis sur le retour, dans la voiture avec ma mère, je lui ai dit que la dame qui avait fait ma radiographie était super gentille, et que peut-être ça m’intéresserait de faire ça. L’idée s’est mise à germer dans ma tête, j’ai fait des recherches, j’ai regardé les différents Cégeps qui présentaient ce métier. Au début, je ne comprenais pas la différence entre radio-oncologie et radiodiagnostic, mais plus je faisais des recherches, plus je me disais que la radio-oncologie me correspondrait plus.

Mais c’était vraiment du hasard, je ne connaissais vraiment pas ce métier, car c’est rare qu’on en entende parler dans les écoles par exemple. Ça arrive que les patients pensent qu’on est des infirmiers, on doit leur expliquer qu’on est des technologues, c’est important de faire valoir notre métier, montrer qu’on est là et qu’on existe, qu’on est formé pour ça.

 

Quelle formation avez-vous suivie pour faire ce métier ?

C’est une technique de trois ans, il y a trois Cégeps qui proposent la radio-oncologie, un à Québec et deux à Montréal. Moi, j’ai fait mon Cégep à Ste-Foy. Les deux premières années sont des cours théorique et pratique. C’est très intense, ça va vite, mais c’est pour nous préparer aux stages en troisième année. Ce sont des stages à temps plein durant deux sessions dans deux centres différents au Québec, ça peut aller de Rimouski à Sherbrooke par exemple. Ça nous permet d’approfondir nos connaissances, de faire des liens avec la matière qu’on a appris et à développer nos jugements. C’est ça le plus dur dans le métier de technologue en radio-oncologie : on prend des décisions médicales, on ne fait pas qu’appuyer sur un bouton pour que le traitement se donne. Les médecins ne sont pas derrière nous. Tous les jours, on prend les imageries avec les patients, c’est nous qui décidons si le traitement qu’on leur donne correspond à ce qui était planifié, c’est à nous de juger si le traitement qu’on donne est bon pour le patient. C’est surtout ça qu’on apprend en stage. Pendant la théorie, les professeurs mettent l’accent sur le développement de nos connaissances et notre jugement pour se préparer au mieux sur le terrain.

 

Quel est votre plus beau souvenir dans votre travail ?

Les fous rires avec les patients et les collègues arrivent tout le temps. On dirait qu’il ne se passe pas une journée sans qu’on n’ait pas de plaisir. Souvent, les patients sont rapides sur les blagues, ou ils vont nous répondre des choses auxquelles on ne s’attend pas. Parfois, c’est tellement drôle qu’il faut prendre deux ou trois minutes avant de placer le patient pour qu’on puisse s’arrêter de rire.

Mais mon plus beau souvenir, c’est une patiente qu’on a suivi avec ma collègue pendant tous ses traitements durant quinze jours. Dès le début, elle était vraiment anxieuse. La première ou deuxième fois que je l’ai vu, elle était très émotive, beaucoup de larmes ont coulé, on a mis du temps à la placer sur la table. On l’a rassuré avec une main sur l’épaule en lui disant qu’on était là et qu’elle pouvait prendre tout le temps qu’il lui fallait. À son dernier traitement, elle nous a dit « Sans vous, jamais je ne serais passée au travers de ça ». Le souvenir qu’elle garde de nous et que nous gardons d’elle est incroyable, car ça montre qu’on peut changer la vie de nos patients et les aider à traverser la période difficile du cancer.

Quel est le point le plus méconnu de votre métier ?

Il y en a tellement ! Mais je pense que ce que le monde voit le moins de notre métier, c’est le secteur de la dosimétrie. Les patients voient des technologues lors du taco de planification et pendant le traitement. Mais entre les deux, il se passe quelques jours ou quelques semaines où les technologues spécialisés en dosimétrie travaillent dans l’ombre. Ils vont souvent penser que c’est le médecin qui a choisi le traitement et que les technologues ne font qu’appliquer la prescription, mais non, ce sont des technologues spécialisés en dosimétrie qui calculent les doses. C’est un secteur qui devrait être plus reconnu, car c’est grâce à eux que les patients ont un traitement aussi bien adapté.

 

Quelles sont vos astuces pour créer facilement un lien avec le patient ?

Dès qu’on crée le premier contact avec le patient, il faut regarder son non-verbal, son visage, puis l’écouter, lui demander comment ça va, comment il se sent. Ensuite, avec les informations qu’il nous donne, il faut adapter notre temps pour s’ajuster à leur moral. C’est souvent ça que j’adore dans mon secteur, le défi de briser la glace. Je ne suis pas à l’aise de sortir de la salle de traitement tant qu’ils ne sont pas à l’aise sur la table. Même s’il faut prendre un cinq ou dix minutes de plus et qu’on prenne du retard, il faut rassurer le patient. Ça en vaut la peine, car ça va créer un lien de confiance envers la profession, envers le centre, envers les traitements. C’est aussi meilleur pour la rémission, car le patient sera plus détendu et dépensera moins d’énergie dans son stress.

 

Estimez-vous qu’il est important de faire de la formation continue durant toute votre carrière ?

Oui, c’est essentiel. La radio-oncologie est en constante évolution. La base est toujours la même, mais on ne peut pas rester avec des idées techniques identiques pendant vingt ans. C’est important d’être à jour sur nos connaissances sur notre manière de traiter les patients, connaître la maladie, connaître les différents types de traitements, savoir qu’il y a de la nouvelle chimiothérapie, des nouveaux agents, de l’hormonothérapie, de la thérapie ciblée… Il y a tellement de façons de traiter le cancer que c’est important de savoir ça, pour nous et pour les patients. Les patients nous font confiance, on leur donne un soin ayant un impact direct sur leur santé, on ne peut pas se permettre de rester sur nos acquis du Cégep et de laisser des collègues et d’autres professionnels s’occuper du reste.

La formation continue permet aussi de partager nos connaissances envers les autres, à réfléchir et à effectuer des recherches qui nous gardent actifs sur ce qu’il se passe actuellement.

 

Comment voyez-vous l’évolution de la profession dans 10 ans ?

La profession va être, je l’espère, toujours aussi axée sur l’humain. Car on voit venir toutes les technologies de plus en plus automatisées. On a moins de contrôle sur ce qu’on fait, sur le jugement qu’on nous apprend à avoir au Cégep et qu’on apprend au courant de notre carrière.

Dans dix ans, je vois des traitements qui auront moins d’effets secondaires, et qui impacteront moins les autres organes qu’on endommage un peu actuellement avec les rayons et la radioactivité.

Il y aura de plus en plus de technologies, la profession deviendra plus spécialisée, cela va créer de nouvelles spécialisations dans le secteur. Donc, dans l’avenir, on aurait peut-être d’autres possibilités de carrière et ce serait super intéressant.

 

Est-il facile de dissocier la vie professionnelle de la vie personnelle ?

On essaye de se créer une barrière entre notre travail et notre maison. Mais il arrive que ça me touche plus quand des personnes de notre âge ont des diagnostics qui sont moins bons, on se dit que ça pourrait être nous.

 

Que faites-vous sur votre temps libre pour décompresser de votre travail ?

C’est sûr que j’aime aller marcher et me vider la tête à la fin de ma journée. Mais je me concentre surtout sur des projets liés à la radiothérapie et à la radio-oncologie. J’ai commencé un projet d’écriture sur l’histoire de la radio-oncologie au Québec, de comment ça a commencé jusqu’à aujourd’hui, incluant toutes les technologies et les techniques. C’est un projet à long terme que j’ai commencé il y a un moment. Je suis tellement passionné par la radio-oncologie que le soir, je vais faire mes recherches. Je fais appel à beaucoup de professionnels, de physiciens, de médecins, avec le CISSS de l’Appalaches et avec le CHU de Québec pour avoir des archives. J’aimerais peut-être un jour le publier, mais pour le moment, je le fais surtout pour moi, pour alimenter ma passion envers tout ce qui est lié aux radiations, aux radioactivités et aux machineries.

 

Que diriez-vous à une personne qui a envie de devenir technologue ?

Si tu veux un métier qui est gratifiant, très stimulant moralement et qui te rend heureux quand tu rentres chez toi le soir, alors tu peux te tourner vers le métier de technologue en radio-oncologie. On est un acteur direct de l’étape vers la guérison du patient et c’est ça qui est vraiment beau dans le métier de technologue en radio-oncologie.

 

Merci à David pour sa participation.

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