Quand l’art rencontre la science
Partie 2 : Rencontre avec Fernando Belote, t.r.o. et artiste
Artiste passionné et professionnel de la santé, Fernando nous partage son parcours fascinant qui lie les arts et les sciences.
Un regard artistique sur la photographie et les rayons X
Mon domaine de prédilection est l’histoire de la photographie au 19ᵉ siècle, une époque marquée par des avancées scientifiques significatives dans le domaine de l’optique, telles que la fabrication de lentilles et l’utilisation de papier à base de nitrate d’argent pour capturer des images, qu’il s’agisse de photographies ou de rayons X. Ces innovations ont eu un impact notable à la fois sur les arts et les sciences.
En 1895, Wilhelm Conrad Röntgen, a publié un article intitulé « Sur une nouvelle sorte de rayons » dans lequel il décrit le processus d’obtention de la toute première radiographie au monde. Ce procédé, qui rappelle les techniques utilisées dans les chambres noires photographiques, reposait sur le revêtement de plaques avec des substrats métalliques. Cette méthode a établi un lien durable entre la radiographie et la pratique de la photographie.
L’une des images les plus emblématiques de cette découverte est la radiographie de la main de la femme de Röntgen, portant son alliance. Cette représentation, devenue iconique, a nourri des réflexions philosophiques sur la nature de l’image et ce qui la définit. À cette époque, la photographie du corps humain a considérablement enrichi les connaissances artistiques, rendant possibles des créations inimaginables auparavant. (Lire l’article: L’Impact des Rayons X sur l’Art)
Cette fusion des sciences et des arts a également inspiré d’autres représentations du corps humain, mêlant concepts médicaux, physiques, symboliques et spirituels. Le 19ᵉ siècle a ainsi ouvert une perspective esthétique et physique nouvelle, répondant à notre fascination intemporelle pour l’intérieur du corps humain.
Une transition naturelle vers la radio-oncologie
L’art a toujours été bien plus qu’un simple parcours académique pour moi : c’est une passion de longue date, un loisir et une profession qui continue de m’accompagner au quotidien.
Pendant la pandémie, une pause dans mes études en beaux-arts m’a offert l’occasion de réorienter ma carrière vers les sciences. C’est ainsi que j’ai découvert le programme de technologie en radio-oncologie. À cette époque, tout en poursuivant un baccalauréat en histoire de l’art à l’Université McGill, j’ai réalisé qu’il serait judicieux d’acquérir un métier plus stable, capable de subvenir à mes besoins, car la vie académique peut être longue et incertaine.
Cherchant un domaine où je pourrais mettre à profit mes connaissances artistiques, j’ai exploré le secteur de la radio-oncologie. Une visite au CUSM m’a permis de découvrir les nombreuses technologies utilisées dans cette spécialité. J’ai été immédiatement captivé par leur complexité et leur potentiel.
Aujourd’hui, je m’épanouis à la fois dans mon rôle de technologue en radio-oncologie et dans ma carrière artistique, où je continue de puiser dans ces deux mondes pour nourrir ma créativité et ma pratique professionnelle.
L’art au service de la science
Mes études artistiques ont considérablement facilité ma compréhension de l’anatomie, un aspect essentiel dans le domaine de la radio-oncologie. À l’école des beaux-arts, j’ai passé de nombreuses heures à observer des corps de modèles vivants, à les étudier dans leurs moindres détails et à les dessiner. Ce travail minutieux m’a permis de développer une connaissance approfondie des structures corporelles, des noms des os et des organes, ainsi que de leur positionnement.
Lorsque j’ai commencé mon programme au Cégep, cet apprentissage s’est révélé un véritable atout. Grâce à cette base solide, mes cours d’anatomie étaient plus accessibles et mes résultats particulièrement élevés. Cette transition entre art et science a renforcé ma capacité à intégrer rapidement des notions complexes, tout en mettant en évidence les liens entre ces deux disciplines complémentaires.
Quand le métier nourrit l’artiste
Son quotidien en radio-oncologie ne cesse de l’inspirer. « Les visuels, les matériaux, et les discussions avec les physiciens alimentent mes créations artistiques, » dit-il. Dans son centre, il participe également à des recherches en physique médicale, renforçant les collaborations interdisciplinaires.
Un pont entre deux mondes
Fernando considère son métier comme une vocation qui fait de lui « une meilleure personne. » Ce rapport humain enrichissant, combiné à son amour pour l’art, trouve écho dans ses œuvres. Il voit la radio-oncologie comme une thérapie technologique, où chaque interaction avec les patients ou les collègues est source d’apprentissage et de créativité.
L’impact artistique des rayons X
Fernando conclut en citant plusieurs artistes majeurs influencés par les rayons X, tels que Klimt et Munch, dont les œuvres démontrent l’engagement culturel et artistique avec les découvertes scientifiques émergentes de l’époque, y compris l’impact révolutionnaire des rayons X sur la perception de l’invisible et de l’inconnu.
Merci à Fernando pour son témoignage et son expertise! Une entrevue plus qu’intéressante qui transforme à la fois notre regard sur le monde et notre approche professionnelle.